Par Léa Dubois, avec AFP – Le 27 juillet 2025 à 10h30

Rafah, Égypte – Une image rare et symbolique : les premiers camions chargés de nourriture, de médicaments et de fournitures médicales ont commencé à entrer dans la bande de Gaza ce matin, en provenance d'Égypte via le point de passage de Rafah. Ce flux, bien que modeste pour l'instant, marque une première brèche dans le mur d'obstacles qui entravait l'acheminement de l'aide aux 2,3 millions d'habitants de l'enclave palestinienne, confrontés à une crise humanitaire sans précédent.

L'annonce de l'ouverture partielle de la frontière coïncide avec une « pause tactique » quotidienne décrétée par l'armée israélienne dans certaines zones de Gaza, officiellement pour permettre la circulation sécurisée des convois humanitaires. Cette mesure, si elle est maintenue, pourrait faciliter l'accès aux zones les plus touchées par les combats et la famine.

« L’arrivée de ces premiers camions est un pas dans la bonne direction, mais elle est loin d'être suffisante », souligne Fatima Khalil, responsable des opérations pour l'ONG Internationale de Secours à Gaza. « Les besoins sont immenses et l'accès reste extrêmement difficile. Nous avons besoin d'un flux constant et massif d'aide pour répondre aux besoins urgents de la population. »

Des couloirs humanitaires limités et des inquiétudes persistantes

Si l'armée israélienne affirme que des « couloirs humanitaires » seront établis et que des « pauses » seront respectées, les organisations humanitaires restent sceptiques. L'accès reste limité dans le temps et dans l'espace, et la situation sur le terrain reste volatile.

« Nous avons besoin de garanties fermes et de mécanismes de contrôle indépendants pour assurer la sécurité des équipes humanitaires et le passage sécurisé des convois d'aide », insiste David Miller, directeur de l'organisation Oxfam. « Le temps presse et chaque jour qui passe est synonyme de souffrances supplémentaires pour la population de Gaza. »

La famine menace

Les Nations Unies ont averti que la famine est imminente à Gaza, où plus de 80% de la population a été déplacée et où l'accès à l'eau potable, à la nourriture et aux soins médicaux est limité. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a estimé que plus de 600 000 personnes sont déjà confrontées à une insécurité alimentaire grave.

L'arrivée de ces premiers camions d'aide est donc un soulagement, mais elle ne résout en rien la crise humanitaire. La communauté internationale doit redoubler d'efforts pour obtenir un cessez-le-feu durable et permettre un accès humanitaire illimité à Gaza. Le défi reste immense, mais l'espoir, même fragile, de pouvoir soulager la souffrance de la population palestinienne demeure.